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La Mouline de ... (Hérault)
Robs, le Robert de terre
Sachant que je n'avais qu'un seul jour à y consacrer,
j'avais prévu de faire un équipement luxueux de la partie connue du conduit
noyé et de faire une petite reconnaissance dans le couloir découvert en 2001. Transporter le matériel de plongée depuis l'auto jusqu'à
l'émergence, en étant seul, cela prend déjà pas mal de temps. De plus, il
fallait amener l'outillage nécessaire pour démonter les tuyaux supplémentaires
que les vignerons avaient installés en 2002. On ajoute à cela une bobine
de câble 3mm en inox, une série de serre-câbles, les clefs adéquates, des
sangles etc.. Sans oublier, puisque j'étais seul, un moufle pour descendre
et remonter mon bi 12 dans la cheminée d'accès. Vu la grandeur du conduit repéré précédemment, je pensais
que, je pouvais sans crainte avancer avec un bi 12 sur le dos. Après avoir fait les allers-retours entre ma bagnole et
l'entrée, je me suis attaqué au démontage des tuyaux et au nettoyage, à pleins
seaux d'eau, du puits d'accès de toutes les grosses araignées qui traînait là. Ensuite ce fut la descente de tout le matériel, dont j'avais
besoin, en faisant plusieurs allers retours dans cet étroit passage qui donne
directement à l'eau. Cela étant fait, je suis descendu dans l'eau pour
m'équiper. Boulot traditionnel pour l'endroit, c'est à dire beaucoup de
patience dans mon petit mètre carré d'eau avec toutes mes breloques pendues,
tout autour, à des becquets et autres ficelles. N'ayant pas changé mon lestage habituel, j'éprouve au début
quelques difficultés avec mon bobineau de 300 m de câbles inox mais je m'y
fais. Arrivé face au couloir d'où venait le gros du courrant, j'ai
abandonné le câble pour visiter, dans les meilleures conditions possibles, le
nouveau couloir. Deux mètres plus loin, un rétrécissement et surprise, le bi
12 sur le dos ne veux rien savoir ! Même en me mettant sur le flanc, cela
frotte bien. Cool mon gars, on démonte. Les bouteilles font de la première et je les suis. Après,
c'est plus large. Je me ré-équipe sans trop de difficultés et ce faisant, je
m'aperçois que ce qui a gêné mon passage est en fait un gros bloc posé sur une
pente dirigée vers moi. Je me dis que si je parviens à déplacer ce bloc, je
pourrai passer sans décapeler ! Je me positionne tant bien que mal à genoux face
au morceau de rocher qui doit peser certainement plus de cent kilos. Je suis,
presque, certain de pouvoir faire ce travail en profitant d'Archimède et de
la pente dirigée vers moi. Les deux mains sous le rocher et, hop ! une bonne force. Il
bouge et glisse rapidement vers moi en me pinçant l'auriculaire gauche et le
majeur droit !!! Et quant je dit pincé, cela veut dire à faire hurler (même
dans l'eau) L'eau étant bonne, je n'avais pas mis de gants… J'ai eu, pendant les semaines qui suivirent, les deux ongles
noirs. Bien que le côté traumatisant de cette situation soit
physique, il y a eu aussi un traumatisme psychique très bref, mais d'une très
grande intensité. Jugez plutôt. Sur un temps très court, j'ai pensé que le bloc de rocher
allait vraiment coincer irrémédiablement mes deux doigts entre lui et le sol.
Du fait que ces doigts appartenaient à des mains différentes et que le mal
invalidait tous mes efforts pour me libérer, je me vis mourir par manque
d'air sur une bouteille alors que l'autre était encore bien garnie, incapable
de changer de détendeur ! Ce ne fut pas le cas ! Aussi, l'esprit troublé par la
douleur, je n'avais qu'une hâte, c'était de sortir d'ici. A la réflexion, ces
doigts douloureux allaient me donner beaucoup de difficultés pour me déséquiper
à nouveau de manière à repasser cet étranglement dans l'autre sens. Je me calme en massant simultanément mes deux doigts de
façon très légère. C'est plus pour le moral que pour le résultat. Mais au bout
de quelques minutes, la douleur s'atténue considérablement. Est-ce que le
milieu aqueux y est pour quelque chose ? Ou bien le stress dû à l'endroit ? Je
ne sais pas, mais une chose est sûre, c'est que si j'avais saigné, j'aurais
encore moins mal que maintenant. Du fait que j'ai encore de l'autonomie et que çà va mieux,
je commence à regarder par-ci par-là en évitant soigneusement que mes doigts
blessés ne touchent rien du tout. Ce-faisant, je descends jusqu'à un endroit où
le couloir se resserre tellement qu'il n'est même pas possible d'imaginer y
pousser une main, en tout cas pas en ce moment. Je remonte et me dirige vers un autre côté, surmonte un gros
bloc et aperçois une étroiture verticale de plus ou moins 3 m, avec un net
élargissement horizontal lui faisant suite. Et là, je sens nettement le courant
! Avec deux doigts << pétés >> et des bouteilles de 12 L, il n'est absolument pas
possible de forcer ce verrou aujourd'hu. Je décide donc d'amener mon câble
jusqu'ici en le positionnant correctement. Arrivé au mauvais bloc, je prends l'option de passer avec
les bouteilles au dos. Cela racle un peu mais c'est OK. Je recommence, dans
l'autre sens, avec le câble cette fois. Et là, c'est plus difficile. Mes doigts
me font souffrir en manipulant ce touret de +/- 7 k. Arrivé au-dessus de
l'étroiture verticale, je le positionne correctement et prends tout mon temps
pour observer ce passage et imaginer la meilleure stratégie pour le vaincre la
prochaine fois. Et maintenant je rentre à la maison. Quelques minutes plus tard, je suis au bas de la cheminée de
sortie. Vous qui me lisez et, parmi vous, ceux qui ont eu dans leur
vie un doigt noir, vous pouvez imaginer ce que peut-être le déséquipement d'un
plongeur lorsqu'il est seul au bas d'une étroite cheminée verticale de 3 m avec
les deux mains considérablement amoindries ; ce que peut être la manipulation
d'un bi 12 pour l'extraire de là ; ce qu'est l'enlèvement, seul, d'un vêtement
de type humide sous le soleil du mois d'août; ce que représente encore le
remontage des tuyaux des vignerons et finalement le transport de tout le << mato
>> jusqu'à l'auto et conduire cette dernière sur encore 100 Km. Croyez-le, cela fait un souvenir.
Rapport de plongée du mois d'août 2001 dans l'émergence
Depuis
de nombreuses années, je me rends avec mes petits compagnons sur le
Capéran, mais une fois n'est pas coutume et avec mes deux femmes nous
sommes descendus dans le sud de la France pour d'une part profiter
d'une grosse semaine de vacance avec elles et d'autre part consacrer
quelques jours à l'émergence de la Mouline.
J'étais très optimiste lorsque j'ai préparé mon matériel en Belgique. En effet j'avais envoyé via un ami, 2 biberons de 4 L, 2 biberons de 6 L à 300 bars, un bi 12 L et 1 de 15 L. Au total 7 bouteilles que j'ai récupérées dès mon arrivée sur les lieux. Mon
nouveau dévidoir n'étant pas encore tout à fait près, j'ai pris celui
de Guy que j'avais en partie éclaté lors d'une plongée dans le < La
première incursion avait pour but d'atomiser le gros bloc et d'évacuer
les bois coincés par-ci par-là. En fait, j'ai été bien surpris car le
dit < J'ai
pu donc faire un équipement un peu plus correct que précédemment dans
le S1. Je le nomme ainsi bien qu'en période d'eau plus forte il y a le
pseudo-bloc qui peut soit former une voûte mouillante comme en avril ou
soit carrément siphonner. Le
surlendemain, 21 août, Krisia vient avec moi pour m'assister. Ayant
l'expérience d'avril, j'ai soigneusement rangé < J'ai préparé un biberon 4 L à l'extérieur avec un narguilé de 7 m pour me permettre de m'équiper plus facilement. Je descends donc par le petit puits d'accès qui fait, cette foi-ci, presque 3 m. et me retrouve dans l'eau. Krisia me passe mon matériel au fur et à mesure de mes besoins et ce au moyen d'une corde. Mais malheureusement, le bi 12 L et la 15 L sont impossible à amener dans l'entrée du puits. Et pourtant, tout était prévu mais la nécessité de recourir à un copain musclé ne s'était pas encore fait sentir aussi intensément que maintenant ! Faire
le travail seul en faisant des aller-retours allait me fatiguer et
surtout m'encombrer, là en bas, si fort que je ne pourrait jamais
m'équiper. Force est de reconsidérer ma plongée et de m'orienter sur un objectif plus réaliste en fonction de cet événement. Il me reste donc un bi 6 L à 300 bars et un biberon de 4 L. J'opte pour raccorder le 4 L uniquement sur ma < Obligé
évidemment de changer quelques petites choses que j'avais déjà
préparées et de resangler ma < Et
hop, je redémonte tout et je place les trois bouteilles sur ceinture.
Pour ce faire, j'ai demandé à Krisia de me passer du matériel qui
n'était pas dans < Me voilà maintenant sous la surface à attendre que le brouillard se dissipe, que c'est agréable d'y être enfin ! Je passe le S1, fais surface et une vérification générale s'impose. Sur le moment, je me demande si ce ne serait pas mieux de venir m'équiper ici plutôt que dans la vasque d'entrée? Pourquoi pas ? C'est
parti, en route pour un peu plus loin que l'autre fois. Une dizaine de
mètre plus loin, un petit miroir, j'émerge dans 1 m2, j'accroche mon
fil et je repars. Je vois distinctement deux branches. L'une part droit
devant et l'autre descend vers la droite. Méprisant
la droite, j'avance quelques mètres pour m'apercevoir que le peu de
vase que je soulève ne s'évacue plus aussi vite qu'avant, j'attache mon
fil et le coupe avant de faire demi-tour. La branche de droite descend
rapidement à –5 et là aussi perte du courant après
quelques mètres mais je me dis que c'est du fait qu'il y a division du
couloir principal que le courant se fait moins sentir. A cet endroit,
il y a nombre de racines descendant du plafond et de plus, c'est la
direction du torrent extérieur, je me dis donc que ce n'est
certainement pas la bonne direction, je fais donc demi-tour en
rebobinnant mon fil. Revenu à la séparation des deux couloirs, j'avise
un becquet bien meilleur pour accrocher mon fil que celui auquel il est
attaché, mais il est plus bas. J'entreprends donc de modifier cet
endroit et cela à pour conséquence de faire descendre de 1,5 m. le fil
venant de l'entrée mais cela n'a pas d'importance quant à la sécurité.
Ayant suffisamment d'autonomie, j'emploie mon temps à mesurer et à
noter ce que j'ai visiter et petit à petit je reviens vers l'entrée. De manière très sensible, voilà soudain que je me sens poussé vers la gauche par …. le courant ! Que se passe-t-il ? Je regarde à droite et je vois un couloir de 1 m de Æ que
je n'avais pas vu à l'aller et pour cause puisque je suis passer
au-dessus et que maintenant je passe en face vu la nouvelle position du
fil. Je m'approche et là je sens très fort le courant, je m'insinue un peu et je remarque que le conduit s'agrandit quelque peu, partant vers l'intérieur du massif. Contrôle de l'autonomie ! Ok ! Je rentre tout en continuant mes relevés. Arrivé
dans la vasque d'entrée, j'abandonne mon fil, élastiques et autres
mousquetons et j'équipe le S1 avec une corde fixe. Ce faisant, l'un ou
l'autre détail m'interpelle et me donnent à penser que je suis en train
de subir une crue ! Bon maintenant il est plus que temps de sortir parce que le puits d'entrée n'est pas équipé pour la plongée et que si la crue est importante, il faudra que j'attende au-delà du S1. Je ne hèle pas Krysia puisque nous avons conclu que je me débrouillerais tout seul pour sortir. J'abandonne donc mon mato pendu à divers becquets et je sors du puits. Grand soleil mais le torrent avait son débit sensiblement augmenté conséquemment à un lâcher du barrage hydroélectrique se situant quelques km plus haut. Ce type d'incident n'est pas prévisible du fait que ce sont des lâchers qui sont commandés de postes parfois très éloignés du-dit barrage, celui-ci n'ayant pas de personnel fixe. Malgré
cela, il me semble très dangereux de plonger dans cette émergence en cas
de fortes eaux émanant du torrent associées à un risque de crue venant
du massif calcaire. Ces deux choses conjuguées feraient assurément
monter le niveau de l'eau au-delà de l'entrée du puits d'accès et
ce de deux mètres (traces visibles) soit par rapport au niveau de ce
mois d'août de 5 m.. Il est donc impératif d'équiper le puits d'entrée
par une corde et de la prolonger de 4 à 5 m. plus haut jusqu'aux arbres
surplombant l'abri sous roche.
J'avais donc pour la circonstance recruté mon ami Christian qui n'est en aucun cas familiarisé avec la spéléo et encore moins avec la plongée fut-elle spéléo ou autre. Mais il me fallait une aide pour descendre mon matériel dans cette cheminée d'équilibre un tant soit peu étroite. Ayant préparé mon copain à la série de manÅ“uvres nécessaires à la plongée, je lui ai aussi fait quelques recommandations sur la non publicité d'un accident et de s'en tenir à un seul n° de tél. en Belgique. Après avoir transporté le matériel jusqu'à l'abri, j'ai installé une bouteille au bord du petit puits d'accès et j'y ai laissé descendre un narguilé de 3 m. Ensuite
je me suis équipé en < Cela ne coince pas mais il n'est pas possible d'y passer avec des bouteilles. Je me retrouve donc, après 1,5 m., dans l'eau mais l'endroit est tout aussi exigu que ce que je viens de passer. Dans mon dos il y a un gros bloc et assez bien de bois coincés, l'endroit mérite que je m'y habitue rapidement pour résister à l'envie de fuir au plus vite. Je demande à Christian de me passer mon masque, mes palmes et mes plombs, ce qu'il fait via une corde. Grâce à la longueur restante du narguilé, je peux descendre de près d'un mètre sous l'eau et je vois que c'est de suite beaucoup plus grand mais sans toutefois voir les dimensions réelles car j'ai malgré tout troublé la clarté de l'eau. En me retournant, je m'aperçois que le bloc dont je parlais plus haut forme une sorte de voûte mouillante d'une longueur de +/- 1 m. avec par delà un miroir un peu plus grand que celui d'où j'arrive. Je reviens à mon point de départ et demande à Christian de me passer le reste de mon matériel : 2 biberons de 4 litres et d'autres babioles. Je m'équipe avec beaucoup de mal, mais en imaginant la tête de mon ami, je souffrais moins. Après une trentaine de minutes, je suis prêt et je passe donc la voûte mouillante. Ici c'est beaucoup plus haut et il me semble que le couloir oblique remontant à 45° pourrait très bien rejoindre la petite grotte repérée en février, c'est la bonne direction ! Je replonge et je descends vers - 2 m. Il y a du brouillard; j'attends un peu car je perçois distinctement un courant. Et de fait, la laitance se dissipe et cela me donne à voir une galerie assez vaste se développant en interstrates obliques. En avançant quelque peu, je vois un grand miroir, j'en prends la direction et émerge dans une cheminée de plusieurs mètres de haut se développant vers l'entrée. Voilà une bonne aubaine, assurément la jonction avec la petite grotte doit être effectuée par ici. Je repars à nouveau vers l'amont mais pas pour longtemps car je me sais mal équipé et bien que je ne vois pas actuellement de difficulté à poursuivre l'explo, il est sage de revenir sur mes pas. Avant d'émerger, je regarde encore une fois le bloc et imagine de le faire sauter pour pouvoir aménager un endroit un peu plus vaste pour m'équiper ; Bien que je ne sois pas parti longtemps, mon ami Christian était déjà inquiet et c'est compréhensible puisque depuis que j'ai commencé à m'équiper et jusqu'à maintenant, il s'est passé deux heures ; deux heures pendant lesquelles Christian a été des plus attentif et vraisemblablement des plus stressé se sentant investi d'une mission d'assistance qui auparavant n'avait, pour lui, d'existence qu'au cinéma.
Rapport du repérage (du 28/02 au 03/03/01)
Cette mini expé avait un triple but :
Lors de notre voyage, nous avons eu une météo des plus
défavorable. En effet, il a beaucoup neigé sur le massif central et sur le
sud-est de la France. Cela m'inquiétait un peu quant à l'état de l'eau à
l'émergence. A notre arrivée, le niveau était presque à l'étiage (+/-
200L/sec). C'était de bon augure. Krysia et moi avons donc mesuré entre eux les différents
points intéressants que sont la grotte, la cheminée et l'émergence. La météo
était devenue bonne et nous avons donc eu assez facile de mener à bien ce travail. La cheminée d'équilibre était à un niveau plus bas qu'au mois d'octobre 98 (-120 cm) pour un débit estimé de l'émergence de +/- 300L/sec. L'entrée verticale de cette cheminée est moins étroite que dans mes souvenirs, mais nécessitera néanmoins un équipement (bouteilles, etc.) dans l'eau après le passage de la chatière d'entrée. L'eau y est plus chaude que dans le torrent aérien située non loin de là. Cette eau est très claire, comme à l'émergence, mais en grattant les concrétions sous la surface, une légère laitance brouille cette limpidité. Le lendemain, comme prévu, je me suis donc équipé pour faire la visite de la grotte, en faire sa topo et repérer le siphon (but avoué). La grotte se trouvant à l'extérieur et en contrebas d'un virage, elle est en situation périlleuse si l'on considère que l'extérieur dudit virage sert de dépôt définitif pour des déchets inertes. En conséquence, mon temps fut employé uniquement à de la désobstruction. L'entrée de la grotte n'ayant pas été modifiée, je ne m'étais pas rendu compte du problème lors de la topo extérieure. Les matériaux se sont enfilés dans le couloir d'entrée en forte pente et se sont stockés un peu plus bas. Sacrée surprise ! La grotte est maintenant presque accessible, mais étant seul et ayant donné une heure précise de retour, je me devais de faire demi-tour (à regret). Je n'avais donc plus le temps de trouver le siphon, d'amener le matériel, de plonger et de ressortir le tout.
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